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L'écopsychologie

Aujourd’hui, la psychologie et l’écologie se rejoignent et se complètent pour donner naissance à l’écopsychologie. C’est une discipline qui a commencé à voir le jour à la fin de 20ème siècle et qui se développe et prend de plus en plus d’importance actuellement.

 

Elle a deux buts principaux, l’un est de pouvoir tenir compte de l’éco-anxiété et l’autre de faciliter le changement personnel afin d’adopter une manière de vivre la plus durable et soutenable possible en fonction de ses moyens.

Deux aspects sont liés et font partie d’un même processus : ces dernières années il ne se passe pas longtemps sans que nous soyons informés d’importantes catastrophes ou difficultés de vie en rapport avec des phénomènes naturels de grande ampleur et de plus en plus souvent : ouragan, sécheresse, canicule, feu, inondation… Il y a aussi d’autres phénomènes qui ne posent pas encore problème mais qui sont sources d’inquiétude et d’anxiété pour le futur : fonte des glaces, réchauffement climatique, dégradation de la biodiversité...

Prendre soin de l’anxiété générée :

La prise en compte de ces phénomènes a pour conséquence de générer de l’anxiété chez l’être humain.

Nous savons tous qu’un environnement non sécurisé amène de lourdes conséquences néfastes sur notre développement psychique.

 

En psychologie l’importance liée au besoin de sécurité relationnelle entre les personnes est reconnue depuis longtemps mais il apparait aujourd’hui d’autres insécurités relationnelles de plus en plus prégnantes liées à l’environnement naturel et l'écosystème dans lequel nous vivons. On parle de plus en plus d’«éco-anxiété. ». Un habitat dégradé génère de l’angoisse, du stress, du vide, de la honte et de la culpabilité.

 

Le travail psychologique consistera à accompagner la personne à prendre en compte les conséquences de la dégradation de l’environnement sur son état. Cela passe par la nécessité d’avoir un espace où pouvoir partager ces fortes émotions que l’on ressent face à ce constat. La personne a alors besoin d’être accueillie et écoutée dans sa difficulté à vivre ses ressentis et sentiments. Pouvoir échanger et mettre des mots concrets sur ce que l’on redoute permet de démystifier la problématique et de mieux voir comment on se positionne par rapport à l’écologie. Ce temps est nécessaire pour sentir comment nous sommes touchés, impactés et comment nous pouvons réagir et intervenir. Cela permet de débloquer son énergie et de pouvoir intégrer et voir plus clair sur la source de notre anxiété qui peut prendre de multiples couleurs, comme la perte de sécurité ou l’impossibilité de se projeter dans l’avenir positivement par exemple.

La relation thérapeutique permet d’apprendre à contenir cette anxiété afin qu’elle ne soit pas trop débordante ou envahissante et que l’on puisse y faire face et l’accueillir. La partager en lien permet de voir aussi que l’on n’est pas seul et de sentir que l’on peut avoir du soutien. Ce travail viendra toucher les contraintes existentielles inhérentes à notre condition humaine et les limites du monde qui nous entoure. Cela peut passer, par exemple, par la prise de conscience et l’acceptation de la finitude des ressources et des limites à ne pas dépasser quand à l’équilibre de notre environnement ou bien par la prise de conscience de l’imperfection de notre condition qui nous rend le plus souvent impuissant face à ce que l’on appréhende. Tous ces paramètres nous mettent dans une situation difficile au niveau de la responsabilité de ce que l’on doit faire ou pas, tant tout ceci parait manquer de sens autant en ce qui concerne la complexité des différents phénomènes que de savoir comment y réagir. Il faut donc un temps pour partager et prendre conscience de tout cela afin de trouver une manière de sentir cette éco-anxiété de façon à pouvoir la soutenir positivement. La personne a besoin de soutien dans ces moments difficiles pour ensuite prendre du recul afin de pouvoir passer à l’étape suivante afin de sortir de l’impuissance et passer à l’action ou à l’engagement pour faire ce qu’elle peut à son niveau.

Comment intervenir en fonction de ses possibilités :

Aujourd’hui c’est un constat : la population humaine actuelle doit faire face à des défis de changement dans sa manière de vivre pour envisager l’avenir de façon sereine. Il y a différentes manières d’envisager ces changements, qui parfois s’affrontent et parfois se rejoignent. Mais toutes les manières de voir arrivent à la même conclusion, il faut changer notre mode de vie.

Nous savons que ces changements de vie sont différents en fonction des modes de vies de chacun mais nous savons tous qu’ils sont importants et remettent souvent en cause nos manières de voir. Pour adopter des conduites plus responsables et pouvoir les modifier il faut s’interroger sur l’importance qu’elles ont dans notre vie. Nous sommes alors souvent amenés à nous interroger sur des aspects importants de notre identité qui prennent racine dans des composantes inconscientes et profondes de nous même : comme nos valeurs, nos désirs, nos angoisses…

Le travail thérapeutique est là pour nous aider à accueillir et mieux connaître ces parties de nous-mêmes. Ainsi, en connaissant mieux les raisons de nos comportements, il sera plus facile de nous motiver pour changer nos habitudes et en adopter d’autres. Notre sensibilisation au défit écologique sera plus efficace si on mobilise d’autres affects que les injonctions morales, la peur ou la culpabilité.

Le chemin pour aller du constat et de l’acceptation de l’anxiété, que génèrent les problèmes écologiques d’aujourd’hui, à un changement de nos comportements à la hauteur de notre engagement possible suit plusieurs étapes. Après l’acceptation des problèmes environnementaux et la gestion de l'éco-anxiété, il faudra souvent aller voir comment notre civilisation y a contribué.

 

Comme le souligne Jean-Pierre Le Danff, nous constatons, le plus souvent, une déconnexion de notre manière de vivre avec la nature. L’homme se plaçant en dehors, voir même, au dessus de la nature, considérant que celle-ci est à son service pour lui donner les ressources afin de mieux vivre. Il faut alors passer par une étape où l’on reconsidère notre place dans le monde et l’environnement qui nous entoure en changeant de paradigme. Nous ne sommes pas séparés de la nature mais en faisons partie. Elle n'est pas a notre service et nous en sommes interdépendant. C’est ce que des auteurs comme Arne Naess ont théorisé à travers le concept d’écologie profonde. On parle alors de se reconnecter à la nature et à notre nature profonde. Des termes comme reverdir sa psyché humaine sont employés par d’autres penseurs comme Michel Maxime Egger qui propose de s’engager dans son chemin personnel en se reliant à la nature afin d’améliorer le monde.

Tout un travail sur soi est alors le plus souvent mise en route afin de se libérer de la partie de notre consumérisme inutile. Prendre conscience du plaisir et de la joie de partager des relations riches et constructives entre nous et respecter notre environnement humain et non humain nous permet de développer une dimension humaine basée sur l’échange et l’être plutôt que sur l’avoir. Notre consommation deviendra ainsi mieux adaptée a nos besoins et plus respectueuse de l’environnement.

 

L’étape importante suivante se trouve dans le partage et la rencontre avec des personnes voulant œuvrer dans le même sens. Une partie des changements nécessaires peuvent se faire seul mais ils sont plus efficaces sur l’évolution du monde quand ils se font à plusieurs. De plus, on a tous à gagner à s’entraider car les changements sont si importants à faire qu’il est nécessaire et bon de les faire aussi collectivement. Ce regroupement et partage de nos efforts sont aussi nécessaires afin de permettre d'alléger le travail et d’y amener également de la joie liée à la rencontre et au partage.

 

Arrive ensuite l’étape de l’engagement où il faut faire attention à ménager nos forces pour ne pas nous épuiser ou nous démoraliser. Il est nécessaire aussi d’apprendre à se contenter de ce que l’on peut faire en fonction de nos compétences et possibilités. C'est plus facile en partageant nos expériences et en misant sur la complémentarité de nos actions et comportements.

 

En ce qui concerne ce travail d’accompagnement vers une manière de vie durable, je vous invite à vous renseigner sur les travaux de Macy Joanna. Cette dernière a développé une approche de développement qu’elle a intitulé : « Le travail qui relie ». La structure du travail proposé ici suit un voyage en spirale de quatre étapes bien définies : gratitude, honorer notre peine, changer de perspective et aller de l’avant. Ces étapes assurent un processus complet qui nous permet de faire l’expérience de notre lien fondamental à la toile de la Vie. Ayant défini nos objectifs personnels, nous créons un réseau de soutien et d’action.

Cet article nous aide a voir l’intérêt de croiser psychologie et écologie. Ce n’est qu’un bref aperçu de ce qu’est l’écopsychologie. J’espère qu’il vous aura donné envie d’en savoir plus.

Pour une autre rapide présentation de l'écopsychologie avec une approche similaire et complémentaire, je vous invite à lire cet article du blog d'un confrère Gestalt-thérapeute, Bruno Rousseau : https://www.lavoieducontact.com/blog/2021/01/11/un-nouvel-article.html

Quelques références bibliographiques :

MACY Joanna & JOHNSTONE Chris. L’espérance en mouvement. Labor et Fides, Paris, 2018.

 

LE DANFF Jean-Pierre. Introduction à l’écopsychologie. Article dans le Numéro 33 de la Revue l’Ecologiste, 30 dec 2010.

 

NAESS Arne. Une écosophie pour la vie, introduction à l’écologie profonde. Editions du Seuil, Paris, 2017.

 

EGGER Michel Maxime. Ecopsychologie, retrouver notre lien avec la terre. Jouvence Editions, Paris, 2017.

Rédigé par : Boris AUVILLE

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